dimanche 22 décembre 2013

Le premier jet ou le début de la fin.

    J’ai fini il y a maintenant deux semaines le premier jet de Reyk.
    — Oink, oink ! a fait Fluffy, ravi.
   Il s’est allongé sur la glace, a replié ses pattes sur son ventre duveteux et m’a lancé un regard larmoyant avec ses yeux en bouton de bottine, du genre « j’ai bien travaillé, je peux dormir maintenant ? ».


   Que nenni.
   C’est après le premier jet que tout commence.

   Dans mon cas, j’ai un peu moins de 400k sec de péripéties mal écrites et très condensées. Oui, Fluffy est une Muse à tendances déménageur du dimanche : il laisse tomber un gros paquet de signes d’un coup, comme un couperet, plutôt que de tisser patiemment les mots. C’est à bibi d’étirer tout ça, d'aérer les actions, d’ajuster les fils de l'intrigue, de les teindre pour que leur couleur corresponde bien au récit et qu'ils se fondent dans le décor, ah et aussi de broder ces mêmes décors.

   Et si le fond ne vous a pas déjà essoufflé, la forme s'en chargera. Le style ne doit pas être trop lourd, les phrases trop hachées, il faut que le rythme s'accélère ou ralentit pour coller à la scène. Ajouter des descriptions mais ni trop, ni trop peu afin de créer la bonne atmosphère. Les dialogues doivent également "sonner vrais", et il faut faire attention à ce que le lecteur s'imagine la scène comme il faut (c'est bête un lecteur) tout en lui distillant des informations pour l'intéresser, mais pas trop non plus sinon il devine la fin (c'est malin un lecteur).

   Bref.
   Le plan d’action pour Reyk ?
 
   Tout d’abord, pendant que j’accorde une sieste à mon phoque préféré, je revois les personnages. J’ai un peu foncé avec des bases parfois branlantes (voire agrémentées de gros trous autant être honnête). Or pour chacun d'entre eux, ça prend plusieurs heures de recherche, parce que ce n’est pas moi qui connais leur passé. Non, je l’apprends dans des livres d'histoire ou sur internet en croisant les informations pour vérifier leur véracité et en tirer leurs traits de caractère.
   Dit comme ça, ça a peut-être l’air chouette. En pratique, ça file vite mal à la tête.

   Dans un second temps, ça m’intéresserait de revoir un peu toute la symbolique de l'ensemble, les concepts, la prémisse, bien cadrer les idées que je veux faire passer, grâce notamment à une partie de la méthode Truby.

   Ensuite, refaire un synopsis en ciblant le but de chaque chapitre.

   Étape 4 : filer un coup de coude à Fluffy pour qu’il se relève et qu’il reste à mes côtés tandis que j’aborde les véritables corrections : réécrire les scènes, rajouter de la matière, des sensations, bref, tout ce qui fait l’intérêt d’une histoire.

   On verra déjà combien de temps tout ça prend avant d’aviser pour la suite.

   Et pour ceux que ça intéresseraient, le très utile site Espaces comprises, a publié pas mal d'articles sur les corrections, dont celui-là.