mercredi 18 mars 2015

Fluffy se cache dans les buissons.

En ce moment il fait beau.
Maintenant que le soleil est revenu, je réalise que ça faisait des mois que je ne l'avais pas vu. L'air est toujours un peu frisquet, mais ça commence à sentir bon la sève et le printemps. La nuit, au dessus des cimes de pins qui encadrent les rues on voit plein d'étoiles briller dans leur écrin de velours noir.  
Il y avait même des traces de lumière blanche dans le ciel hier, je pensais avoir la berlue, mais non c'était apparemment des aurores boréales...

Bref, avec une météo pareille et un peu de temps libre, Fluffy devrait batifoler de partout, faire des cabrioles dans ma tête, me mitrailler d'idées ou simplement les lancer tels des bouquets d'algues dans ma direction.

Oui mais voilà, j'ai tellement été conditionné par l'école que dans ma tête soleil = été qui approche = période des examens.

J'ai une envie irrépressible et urgente de réviser et Fluffy se fait invisible.
"Moi ? Non, je n'ai jamais suggéré un truc aussi frivole que d'écrire des histoires, voyons. Tiens, d'ailleurs je vais aller me fondre dans ce buisson, fais comme si je n'avais jamais existé."




Donc à la question : est-ce que ça avance ? Réponse non.
En ce moment je passe mon temps libre à potasser des cours que je n'aurais plus jamais, pour des exams que j'ai déjà passés et pendant ce temps ma Muse fait la morte.

Muse ? Quelle Muse ? Tu n'en as jamais eu, c'était juste un rêve.

vendredi 13 mars 2015

Le marathonien qui ramasse de la neige.

   La correction d'un roman, c'est le moment où on est face à tous ses défauts. Pendant le premier jet on se lance simplement, heureux de coucher ses idées sur le papier de les voir bourgeonner, d'en exploiter toutes les facettes. On se laisse porter par l'histoire et les personnages.

   Pour faire dans la métaphore marathonienne : le premier jet c'est l'échauffement. On débarque frais comme un gardon, on cours pour le plaisir, les foulées sont élastiques, on apprécie la sensation de son corps en mouvement. Les corrections, c'est quand le souffle devient court, que les jambes se mettent à tirer. On a soif, on a chaud, on sue, on se demande pourquoi on continue, d'ailleurs ce banc là-bas qui se rapproche est fichtrement tentant.
 
   C'est le moment où il faut s'accrocher, dépasser la fatigue, apprendre à apprécier la difficulté jusqu'à ce moment où le corps est mis en sourdine et où on a l'impression de pouvoir courir jusqu'au bout du monde sans avoir à y penser.
Idem, les corrections, c'est le moment où on est face à tous les défauts de l'histoire. On est ensevelis sous les alertes rouges qui se déclenchent partout à la lecture (en tout cas pour moi).

   La tâche paraît parfois insurmontable. Il faut régler les problèmes de fond, l'intrigue, les personnages, faire attention au style, ciseler la narration etc.
L'important c'est de rester concentré, d'entretenir sa motivation, d'alimenter le flux de l'écriture et avancer, avancer, avancer. Quand on ne peut plus courir, on rampe, si on ne rampe plus, on plante ses incisives dans le plancher et on continue à la force de ses dents. Parfois on a tellement la tête dans le guidon qu'on a l'impression de ne plus savoir écrire une phrase correctement.

   Mis à part le côté exagérément (quoique) herculéen de la chose, les corrections c'est aussi le moment de trouver sa méthode de travail. L'occasion également de renouer avec l'esprit du projet qu'on perd parfois de vue en cours de premier jet et de redécouvrir les grandes idées de départ qui nous avaient tant séduites.
   A force de travailler on accumule ça et là les bonnes tournures, les agencements de scène qui fonctionnent, les actions qui mettent en relief les personnages. Chaque point ajouté aussi infime soit-il contribue à l'effet boule de neige. Le but étant de terminer avec une grosse balle régulière d'un blanc éclatant.

   Ensuite on invite les copains à critiquer la circonférence de la boule de neige, son éclat, l'irrégularité de ses cristaux, etc, mais ceci est une autre histoire...

   Pour résumer, un auteur en correction c'est un marathonien qui ramasse de la neige.