vendredi 13 mars 2015

Le marathonien qui ramasse de la neige.

   La correction d'un roman, c'est le moment où on est face à tous ses défauts. Pendant le premier jet on se lance simplement, heureux de coucher ses idées sur le papier de les voir bourgeonner, d'en exploiter toutes les facettes. On se laisse porter par l'histoire et les personnages.

   Pour faire dans la métaphore marathonienne : le premier jet c'est l'échauffement. On débarque frais comme un gardon, on cours pour le plaisir, les foulées sont élastiques, on apprécie la sensation de son corps en mouvement. Les corrections, c'est quand le souffle devient court, que les jambes se mettent à tirer. On a soif, on a chaud, on sue, on se demande pourquoi on continue, d'ailleurs ce banc là-bas qui se rapproche est fichtrement tentant.
 
   C'est le moment où il faut s'accrocher, dépasser la fatigue, apprendre à apprécier la difficulté jusqu'à ce moment où le corps est mis en sourdine et où on a l'impression de pouvoir courir jusqu'au bout du monde sans avoir à y penser.
Idem, les corrections, c'est le moment où on est face à tous les défauts de l'histoire. On est ensevelis sous les alertes rouges qui se déclenchent partout à la lecture (en tout cas pour moi).

   La tâche paraît parfois insurmontable. Il faut régler les problèmes de fond, l'intrigue, les personnages, faire attention au style, ciseler la narration etc.
L'important c'est de rester concentré, d'entretenir sa motivation, d'alimenter le flux de l'écriture et avancer, avancer, avancer. Quand on ne peut plus courir, on rampe, si on ne rampe plus, on plante ses incisives dans le plancher et on continue à la force de ses dents. Parfois on a tellement la tête dans le guidon qu'on a l'impression de ne plus savoir écrire une phrase correctement.

   Mis à part le côté exagérément (quoique) herculéen de la chose, les corrections c'est aussi le moment de trouver sa méthode de travail. L'occasion également de renouer avec l'esprit du projet qu'on perd parfois de vue en cours de premier jet et de redécouvrir les grandes idées de départ qui nous avaient tant séduites.
   A force de travailler on accumule ça et là les bonnes tournures, les agencements de scène qui fonctionnent, les actions qui mettent en relief les personnages. Chaque point ajouté aussi infime soit-il contribue à l'effet boule de neige. Le but étant de terminer avec une grosse balle régulière d'un blanc éclatant.

   Ensuite on invite les copains à critiquer la circonférence de la boule de neige, son éclat, l'irrégularité de ses cristaux, etc, mais ceci est une autre histoire...

   Pour résumer, un auteur en correction c'est un marathonien qui ramasse de la neige.

2 commentaires:

  1. Tu finiras par y arriver (ne serait-ce qu'à cause du nombre de kilomètres nécessaires à un marathon) (oui, tu as perdu, mais tu vaincras !). <3

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  2. Reste à savoir dans quel état. ^^
    Merci du passage, Teapots ! \o/

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